Le Dimanche 30 janvier 1972, à Derry, en
Irlande, la marche pacifique organisée par Ivan Cooper
en faveur des droits civiques se transforme en bain de
sang : l'armée britannique tue treize personnes, et ce
" Bloody Sunday " marque l'ouverture d'une véritable
guerre civile.
Tourné comme un documentaire d'époque, caméra à l'épaule,
ce film est une des oeuvres les plus émouvantes de ces
dernières années. En effet, le réalisme et la sobriété
de la mise en scène plongent le spectateur en plein cœur
des événements et de leur horreur. Il est
difficile de ne pas être ému et révolté par ce témoignage
édifiant. Les longs préparatifs, que ce soit du côté
des manifestants ou du côté de l'armée, donnent un côté
à la fois absurde et inéluctable aux événements. Je
trouve ce film plus fort que Le Pianiste, par exemple, même
si cela n'a rien à voir, car le cynisme froid des
soldats britanniques n'a pas le côté "irréel"
de la barbarie absolue dont on pu faire preuve les
Nazis.
Bien sûr, ce film est un parti pris et il ne représente
pas plus la vérité que la version de l'armée britannique,
même s'il y a de grandes chances qu'elle en soit bien
plus proche que cette dernière. Mais peu importe, le
film est trop bien fait et trop émouvant pour ne pas y
croire.
Une seule petite critique repose sur le fait d'avoir
tourné entièrement le film caméra à l'épaule. Si
cela donne une force extraordinaire à la scène de la
fusillade, cela donne un côté un peu
"gerbant" au reste du film, qui aurait pu être
évité. Mais qu'est ce que vous voulez, ce procédé est
très à la mode dans le monde du 7ème art.
En tout cas, après ce film, une chose est sûre, vous
n'écouterez plus jamais U2 de la même façon.
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